Au cœur du son, l’éveil du serpent…
Il existe en chacun de nous une source silencieuse, tapie au creux du bassin, endormie comme un serpent enroulé sur lui-même. Cette énergie ancienne, que l’on nomme kundalini, attend son heure. Elle n’a pas besoin de bruit, ni d’agitation — seulement d’un appel juste, d’une vibration pure.
Et c’est là que le son entre comme un messager sacré.
Lorsque le bol chante, lorsque le gong respire, lorsque la voix s’élève dans un murmure venu d’ailleurs, quelque chose en nous reconnaît le chemin. Les cellules se souviennent. Les os résonnent. Le cœur écoute.
Le bain sonore n’est pas un simple concert pour l’âme. C’est une immersion vibratoire, un océan de fréquences vivantes. Chaque onde, chaque pulsation entre dans le corps comme une caresse invisible, et va toucher ces territoires secrets que les mots n’atteignent pas.
Le kundalini, cette énergie serpentine, est sensible au son comme une flamme au souffle. Il ne s’agit pas de forcer, mais de laisser s’ouvrir. Le bol joue, et le chakra racine s’éveille. Le gong résonne, et les mémoires enfouies s’ébranlent. Les harmoniques s’envolent, et la conscience s’élargit.
C’est un voyage vertical. De la terre au ciel. Du bassin jusqu’à la couronne. Parfois lent, parfois fulgurant, mais toujours guidé par la musique de l’Être.
Dans le silence entre deux notes, dans le frisson d’un carillon, se cachent les passages. Là où la kundalini, subtile et puissante, monte doucement comme une sève vers la lumière. Elle ne cherche pas à impressionner. Elle transforme, en profondeur, en douceur ou en éclats.
Et si parfois elle secoue, si elle pleure ou tremble, c’est pour nettoyer, pour purifier, pour ramener à l’essentiel.
Dans ces instants suspendus où le corps flotte et que le mental se tait, nous entrons dans un espace sacré. Un espace où le son devient prière, et l’énergie, bénédiction.
Le bain sonore ne réveille pas le kundalini par hasard. Il l’appelle avec respect, le berce, l’honore. Il devient un temple invisible où l’âme peut danser en toute sécurité, où l’ego se dissout comme une goutte dans l’océan, et où l’Être peut, enfin, se souvenir de sa nature vibratoire.
Car au fond, nous ne sommes que cela : des champs d’ondes, des corps de sons, des consciences en mouvement. Et lorsque tout s’aligne, lorsque le chant intérieur épouse le chant du monde, alors le serpent se déploie, la lumière s’élève, et le silence devient révélation.
